Visite dans le vignoble du clôs de l'Écureuil à Seraing
Un lundi ensoleillé de ce mois de septembre, nous avons quitté la culture de nos légumes pour aller à la rencontre des joyeux vignerons du clôs de l’Écureuil à Seraing. Un vignoble où depuis 1984, une dizaine de retraités y cultivent avec passion la vigne et perpétuent un savoir-faire vivant.
Bobbie Poplars
9/29/20254 min read


C'est par un lundi ensoleillé de ce mois de septembre que nous avons laissé, momentanément, la culture de nos légumes pour aller à la rencontre des joyeux vignerons du clos de l’Écureuil à Seraing. Un vignoble où depuis 1984, une dizaine de passionnés se relaient pour y cultiver avec passion la vigne et perpétuer un savoir-faire vivant. Nous avons été accueillis chaleureusement et avons eu le plaisir de déguster leur production, fruit d’un travail patient et collectif.
Ces moments sont précieux : rencontrer d’autres structures solidaires, échanger des expériences, partager un verre et des sourires, c’est cultiver bien plus que la terre, c’est cultiver le lien humain. La solidarité se renforce lorsqu’elle franchit les barrières des potagers et des vignobles. Chaque rencontre est une graine d’amitié et d’entraide qui, comme la vigne, grandit et fructifie avec le temps.
Un vingtaine de participants invités par le syndicat d'initiative de Seraing, en collaboration avec le "centre culturel" de Seraing et la "ceinture aliment-terre liégeoise" furent heureux de découvrir cette expérience et ont pu écouter les explications , donnée par un responsable, sur les débuts de l'activité et sur les difficultés auxquelles ils ont du faire face. Visiter ce vignoble nous a ramener à un patrimoine oublié et à une époque où la vallée de la Meuse fût une grande productrice de vin , en effet dès le haut Moyen Âge, la vallée de la Meuse réunit les conditions idéales pour la viticulture : exposition au sud, pentes favorisant l’écoulement de l’eau, sols calcaires et schisteux. Les abbayes et chapitres religieux furent parmi les premiers acteurs à planter la vigne, afin d’assurer l’approvisionnement en vin de messe et en boisson quotidienne. Les sources médiévales mentionnent de vastes vignobles autour de Liège, Flémalle, Huy et jusqu’à Namur (1).
La vallée de la Meuse, aujourd’hui associée à l’industrie sidérurgique et au travail du métal, fut longtemps une terre de vignobles. De Liège à Huy, en passant par Seraing et Ougrée, les coteaux ensoleillés de la vallée ont produit durant des siècles un vin apprécié, symbole d’un art de vivre et d’un savoir-faire profondément ancré dans la région. Cette histoire, souvent éclipsée par la Révolution industrielle, mérite d’être redécouverte.
Entre le XVIᵉ et le XVIIIᵉ siècle, la vallée connaît un véritable âge d’or viticole. Le vin de la Meuse, souvent blanc, est réputé pour sa qualité et exporté jusqu’en Flandre et aux Provinces Unies. À Liège, certaines rues gardent encore la mémoire de cette activité : la rue des Vignes, la rue Vinâve-d’Île (« Vinâve » signifiant vignoble). Les coteaux de Seraing et d’Ougrée, exposés au soleil, étaient alors couverts de vignes en terrasses, entretenues par des paysans vignerons qui en tiraient une partie essentielle de leurs revenus (2).
À partir du XVIIIᵉ siècle, la viticulture mosane entre en déclin. Plusieurs facteurs s’entrecroisent :
Le Petit Âge glaciaire, période de refroidissement climatique (XVIᵉ–XIXᵉ siècle), réduit la productivité et la qualité des raisins.
L’essor du commerce avec les régions méridionales (Bordeaux, Bourgogne, Rhin) amène des vins plus prestigieux et compétitifs.
Enfin, la Révolution industrielle transforme radicalement le paysage : les coteaux sont colonisés par les usines, les cités ouvrières et les voies ferrées, reléguant la vigne au second plan (3).
Si le XIXᵉ siècle a marqué la disparition quasi totale des vignobles traditionnels, une renaissance viticole s’opère depuis les années 1980, notamment grâce à des associations locales. Le Clôs de l’Écureuil à Seraing, fondé en 1984 par un groupe de passionnés, illustre ce mouvement. Il perpétue une tradition oubliée en cultivant la vigne sur les coteaux de la vallée, renouant ainsi avec un héritage multiséculaire.
Aujourd’hui, la viticulture en Wallonie connaît un nouvel essor, porté par l’engouement pour les produits locaux et la reconnaissance de vins de qualité produits sur les coteaux mosans. Cette dynamique contemporaine s’inscrit dans la continuité d’une histoire longue, où la vigne a façonné l’identité et les paysages de la vallée de la Meuse.
Du Moyen Âge à la Révolution industrielle, la vallée de la Meuse fut une terre viticole majeure. Si l’industrialisation a relégué la vigne dans l’ombre, les initiatives actuelles témoignent d’un attachement à ce patrimoine et d’une volonté de redonner vie à un terroir oublié. Entre mémoire et renouveau, la vigne sérésienne du Clôs de l'écureuil rappelle que la Meuse ne fut pas seulement la vallée de l’acier, mais aussi celle du vin.
bibliographie:
(1) Delos, J. (1987). La vigne et le vin dans le pays mosan. Liège : Éditions du Perron.
(2) Lejeune, R. (2001). Histoire économique et sociale de la vallée mosane. Bruxelles : Académie royale de Belgique.
(3) Legros, R. (1993). Paysages et sociétés dans la vallée de la Meuse. Namur : Presses Universitaires de Namur.















