Un jardin solidaire face à la souffrance adolescente : quand la terre devient remède
La phobie scolaire (aussi appelée « refus scolaire anxieux ») se manifeste par une telle angoisse qu’un enfant ou un adolescent ne peut plus fréquenter l’école : crises de panique, somatisations (maux de ventre, maux de tête), isolement, perte de confiance, sentiment d’illégitimité sociale. Ce trouble, complexe et multifactoriel, n’est pas un “caprice” : il engage le corps et le psychisme — et peut conduire à une rupture durable avec le système scolaire, à un isolement social, voire à une dépression.
Bobbie Poplars
12/3/20254 min read


Pourquoi un jardin solidaire peut offrir un espace de reconstruction
Nature et reconnexion : un cadre rassurant
Le contact avec la nature, le jardinage, le jardin thérapeutique (ou l’écothérapie) sont reconnus pour leurs effets bénéfiques : réduction du stress, apaisement, amélioration de l’humeur, sentiment d’utilité.
Une étude récente indique que passer seulement deux heures par semaine dans un environnement naturel suffit à diminuer la détresse émotionnelle chez des jeunes en difficulté.
Pour un adolescent touché par l’anxiété scolaire, un jardin offre un espace hors jugement, hors contrainte institutionnelle, un cadre souple où le temps s’écoule différemment selon le rythme de la terre, non celui d’un emploi du temps rigide.
Reconstruction par l’action concrète
Plantez, arrosez, récoltez, observez : ces actes simples reconnectent le jeune à la réalité sensorielle. Toucher la terre, voir pousser une plante, respirer l’air, entendre les oiseaux contrebalance l’abstraction, la pression et l’angoisse.
Le jardinage donne un résultat visible et concret : la croissance d’une plante, la transformation d’un semis, la récolte. Pour un adolescent en panne de confiance, c’est parfois le premier “oui, je suis capable” depuis longtemps.
C’est une forme de thérapie d’action, modérée, non stigmatisante, qui valorise la patience, la persévérance, la routine bienveillante, des repères souvent effacés par la souffrance.
Tisser du lien social, recréer du collectif
Dans un jardin solidaire :
des jeunes, des adultes, des retraités peuvent coexister et coopérer,
le regard n’est pas celui de l’évaluation scolaire, mais de la bienveillance, de l’entraide, du partage,
chacun peut trouver sa place, contribuer à un projet commun, sentir qu’il appartient à une communauté.
Pour un adolescent isolé, dévalorisé, en souffrance, ce lien social, sans pression, sans jugement, peut recréer de l’estime de soi, restaurer la confiance, offrir un espace de parole ou de silence.
Un lieu sans jugement
Ici, on respire. On prend le temps.
Le jardin n’attend rien, ne juge rien.
C’est un espace où le jeune peut retrouver une présence douce, où la terre répond sans mots mais avec patience.
Faire pour se réparer
Planter, arroser, récolter, créer… Ces gestes simples deviennent des petites victoires.
Chaque pousse récompense la constance et l'effort.
Chaque récolte restaure la confiance.
Pour certains, c’est la première réussite depuis longtemps.
Retisser du lien
Les adolescents fragilisés ont souvent peur des autres.
Le jardin, parce qu’il offre des tâches parallèles, non frontales, facilite le contact humain en douceur :
une discussion autour d’un arrosoir, un rire partagé en récoltant une courgette, un chocolat chaud sous l’abri.
Différentes classe sociales peuvent coexister et coopérer: Progressivement, les barrières tombent devant l'effort collectif.
Une démarche soutenue par la science
Les effets du jardinage sur la santé mentale sont largement documentés :
réduction du stress (Ulrich), amélioration de l’attention (Kaplan), regain d’estime de soi (Jardins de Santé), renforcement du lien social (INRAE).
Le jardin solidaire devient alors plus qu’un potager : c'est un véritable tiers-lieu réparateur, un espace où la vie pousse en même temps que la confiance.
Comment au vu de l'esprit d'un potager solidaire intégrer les jeunes en difficulté dans un jardin:
Accueillir des jeunes souffrant de phobie scolaire ou de mal-être, en leur proposant une activité régulière de jardinage (2 à 3 h/semaine).
Mettre en place un petit accompagnement ,un référent jardin, un adulte bienveillant, pour écouter, soutenir, repérer les fragilités.
Créer un espace de partage et de confiance : semis, entretien, récolte, moments conviviaux autour de repas ou d’une soupe, discussion libre.
Documenter les effets par un cadre bienveillant, sans jugement : bien-être, assiduité, confiance, lien social comme un outil d’éducation non formelle et d’insertion douce.
des activités de jardinage simples et adaptées ;
une routine positive favorisant l’apaisement ;
un groupe restreint (3 à 5 jeunes)
Ainsi, le potager ne serait plus seulement un lieu de production : il deviendrait un outil social, thérapeutique, éducatif.
En conclusion
Face à une problématique contemporaine grave, comme la phobie scolaire, un jardin solidaire peut offrir une parenthèse de vie.
Un espace concret, porteur d’espoir, de soins doux, de liens humains vrais.
En cultivant la terre, on peut replanter la confiance, la dignité, la capacité à exister autrement, dans le silence de la nature, dans le geste humble, dans le partage.
Un jardin solidaire n’est pas seulement un espace vert.
C’est un refuge, un laboratoire de confiance, un tissage de liens humains.
Pour un jeune en souffrance scolaire ou sociale, c’est parfois la première fois depuis longtemps qu’il se sent utile, accueilli, capable, considéré.
Notre jardin est ouvert à tous, n'hésitez pas à nous rendre visite dès le printemps, il se peut que vous y trouviez votre bien être quelque soit votre âge.
Pour aller plus loin des références:
Association Phobie Scolaire (APS). « S’orienter vers la phobie scolaire : symptômes, réalités, aides. » phobie-scolaire.org+1
Article de synthèse : « Prise en charge de l’adolescent victime de phobie scolaire » (Elsevier / EM-Consulte, 2024) em-consulte.com
Thérapeutique nature / jardin thérapeutique : théorie et effets psychiques & sociaux. Wikipédia+2Wikipédia+2
Étude récente montrant les bénéfices de passer du temps dans la nature pour la santé mentale des enfants/ados. ScienceDaily
Association de soutien au famille : https://www.lanatole.be/
Numéro 103 : Service gratuit et accessible de 10h à 24h pour tous les enfants et adolescents en difficulté.
Références et bibliographie
Articles & études
Yapaka.be, Phobie scolaire/sociale : un symptôme contemporain (vidéo et ressources).
APS – Association Phobie Scolaire, “Définition, symptômes et accompagnements”.
EM-Consulte, « Prise en charge de l’adolescent victime de phobie scolaire » (2024).
OMS, Dossier “Nature et santé mentale” (traductions françaises).
INRAE, “Les jardins partagés : impacts sociaux et éducatifs”.
Fédération Jardins de Santé, “La thérapie horticole : principes et effets”.
Ouvrages