Cultiver la solidarité : le défi du financement des jardins partagés
Le week-end passé, lors du spectacle “Contes et frissons” ambiance halloween, organisé au Château du Val Saint-Lambert par le Syndicat d’initiative de Seraing, notre équipe du Clos du Val a servi en dégustation une savoureuse soupe au potiron, préparée avec les légumes de notre jardin. Aux fourneaux, le chef talentueux du restaurant "Le jardin du val" voisin de notre potager, a mis tout son savoir-faire pour sublimer nos récoltes automnales. Cette dégustation n’était pas qu’un moment gourmand : elle avait pour objectif de faire connaitre notre potager et de récolter dans l'avenir des dons destinés à soutenir la vie du jardin.
Bobbie Poplars
11/2/20255 min read


Comme beaucoup de jardins solidaires, notre Clos du Val repose sur la passion, le bénévolat et l’entraide.
Au départ, c'est le coup de pouce du Syndicat d’initiative a permis de lancer le projet, bientôt suivi d’un petit soutien de la Ville de Seraing. Nous avons aussi pu compter sur Carole, gestionnaire des événements du Château du Val Saint-Lambert, qui nous a généreusement offert de magnifiques jardinières en acier corten.
Mais aujourd’hui, notre potager comme tant d’autres en Wallonie et ailleurs vit sans subside fixe. Chacun apporte sa part : un peu de temps, un outil, un sac de terreau, ou un savoir-faire précieux. Pourtant, les besoins demeurent : graines, plants, engrais, outils, compost, abris, signalétique… tout ce qui permet à la vie de s’épanouir dans le jardin.
Les jardins solidaires : un modèle d’autonomie participative
Les jardins solidaires et partagés sont aujourd’hui reconnus pour leur rôle social, éducatif et environnemental. Ils recréent du lien, favorisent la biodiversité urbaine, et offrent un espace d’épanouissement à tous les âges. Pourtant, leur financement reste fragile.
En Belgique, comme en France, ces initiatives peuvent s’appuyer sur plusieurs types d’aides :
Les communes et CPAS, qui soutiennent certains projets dans le cadre de politiques de cohésion sociale ou de transition écologique.
Les fondations privées (Fondation Roi Baudouin, Fondation Léa Rouaux, etc.) qui proposent parfois des appels à projets pour les initiatives locales.
Les subsides régionaux liés à l’agriculture urbaine, à l’économie circulaire ou à la santé communautaire.
Et, de plus en plus, des mécènes citoyens ou entreprises locales sensibles à la cause du “bien-vivre ensemble”.
Créer des ressources, cultiver l’ingéniosité
Face à la rareté des subventions, les jardins inventent mille façons de s’autofinancer.
Si vous aussi participez à la création d'un jardin solidaire, voici quelque piste inspirante qui peuvent vous aider dans votre entreprise:
Vente de produits transformés : soupes, confitures, tisanes, bouquets aromatiques, ou sacs de graines récoltées. Veillez bien sur aux obligations légales qui accompagnent ce type d'échanges !
Voici quelques obligations légales en Wallonie à retenir, cependant la complexité de la mise en place de ce mode de financement fait qu'il n'est pas à la portée de toutes les structures et doit être étudié avec soin.
a) Transformation et vente
Pour les produits transformés de fruits et légumes (plats préparés, confitures, etc.) en Wallonie, le document « Vade-mecum de la valorisation des produits agricoles » indique qu’il faut une autorisation « fabricant produits dérivés de fruits et/ou légumes » ou « fabricant de plats préparés » selon le type de produit.
Si vous vendez directement au consommateur final, il peut aussi être demandé une autorisation « commerce de détail » ou « commerce de détail ambulant » selon le mode de vente (marché, stand).
Il faut respecter les règles d’hygiène alimentaire, traçabilité, autocontrôle (plan HACCP ou équivalent) : le guide Biowallonie mentionne la nécessité du système d’autocontrôle, registre des entrées/sorties, bonnes pratiques d’hygiène pour la vente de produits transformés.
b) Étiquetage et information au consommateur
Pour les denrées alimentaires préemballées, l’étiquetage nutritionnel (valeur énergétique, matières grasses, protéines, etc.) est obligatoire, sauf certaines exemptions (ex. produits non préemballés, certains produits artisanaux).
Il faut indiquer la liste des ingrédients, la date de durabilité minimale ou date limite de consommation, le nom/raison sociale et l’adresse de l’opérateur, le pays d’origine si nécessaire. (Règlement (UE) 1169/2011, art. étiquetage)
Concernant l’origine : pour certains produits transformés, l’indication d’origine est obligatoire si l’absence pourrait tromper le consommateur.
c) Vente directe / circuit court
Le document sur circuits courts de la Wallonie (Documents – Portail de l’agriculture wallonne) rappelle qu’il existe des conditions spécifiques pour la vente directe (ferme, potager, stand).
Il faut notifier l’activité auprès de l’administration compétente (SPW Agriculture en Wallonie) si l’on transforme ou fait de la préparation/vente. Un formulaire « Notification » existe.
Alors pourquoi ne pas se tourner vers l'organisation d’événements saisonniers :
Marchés d’automne ou d'autres saisons, brocantes, soirées contes ou spectacles, ateliers de semis, ou dégustations “du jardin à l’assiette”, soirées ludiques ou didactiques etc...
Ces démarches demandent certes de la créativité mais sont bien plus accessible que la préparation d'aliments transformés.
Vous pouvez opter pour un système de parrainage de parcelles ou de plantes : chaque donateur “adopte” une partie du jardin.
N'hésitez pas le partenariats avec des restaurants, ce fût pour nous une opportunité, mais artisans ou écoles sont là aussi pour créer des échanges de compétences ou des circuits courts.
Et puis il y a les campagnes de financement participatif sur des plateformes locales (par exemple Miimosa, KissKissBankBank, Growfunding).
Une récolte de solidarité
Le Clos du Val, comme bien d’autres jardins, est plus qu’un potager : c’est un projet humain.
Chaque semis est un acte d’espérance, chaque récolte une victoire partagée.
Et si parfois les moyens manquent, la volonté, elle, ne faiblit jamais.
Car notre devise résonne plus que jamais :
“Chaque jour, nous nous améliorons un peu plus.”
Références :
Fédération des Jardins Collectifs et Familiaux de Wallonie et de Bruxelles (FJCFWB) : rapports annuels et guides pratiques.
Fondation Roi Baudouin, Initiatives locales et durabilité sociale, 2021.
Réseau des Initiatives de Transition (RIT), Manuel des jardins solidaires, 2019.
Le Mouvement des Cités en Transition, Financer autrement les communs urbains, 2020.
Mouvement International de la Transition (Transition Network), Community Gardens & Social Economy, 2018.
DiversiFerm – https://www.diversiferm.be/wp-content/uploads/2018/01/vademecum-fiche-7-fruits-legumes.pdf
Portail de l’Agriculture wallonne – Circuits courts et vente directe à la ferme
https://agriculture.wallonie.be/home/groupements-et-conseils/diversification/circuits-courts-vente-directe-a-la-ferme.htmlSPW Agriculture – Formulaire de notification d’activité de transformation ou de vente directe
https://agriculture.wallonie.be/files/accueil/Produits/Formulaire-Notification-Papier-FR.pdf
Hygiène, sécurité alimentaire et autocontrôle AFSCA https://www.afsca.be/autocontrole
Portail de l’Agriculture wallonne – ERMG 5 : Sécurité des denrées alimentaires
https://agriculture.wallonie.be/home/aides/pac-2023-2027-description-des-interventions/conditionnalite-renforcee-nouveaute-2025/ermg-5-securite-des-denrees-alimentaires.html





